Alors qu’il avait d’abord abusivement utilisé la querelle avec les partenaires européens à propos du secret bancaire comme gadget électoral, allant jusqu’à faire des allusions tout à fait démesurées à l’occupation nazie pour faire bonne figure[1], le gouvernement s’est bien rapidement remis de sa colère, cette fois au détriment des citoyens.
En effet, on n’entend nulle contestation quant à l’actuel projet – encouragé par les ministres des affaires étrangères en mettant à l’écart le Parlement européen dont l’opposition est vraisemblable – d’un accord européen avec les Etats-Unis, permettant à ceux-ci de filtrer discrétionnairement les données bancaires des clients européens sans même avoir à justifier d’un intérêt particulier. Ainsi, tout citoyen est traité comme un suspect, un terroriste potentiel, attitude inacceptable pour les jeunes libéraux.
Or, le cas semble bien être pathologique : le Luxembourg n’a toujours aucune culture de la protection des données personnelles (malgré l’existence d’une commission du même nom), alors qu’il s’agit, dans une société dominée par les nouvelles technologies, d’un droit fondamental qu’il faut absolument protéger. Tel est d’ailleurs également le cas, entre autres, pour le fichage de suspects lors d’enquêtes policières, la conservation des données téléphoniques ou encore la surveillance vidéo, dont le contrôle et l’évaluation constituent des mesures indispensables, tant en ce qui concerne le stockage que l’accès.
Dès lors, les jeunes libéraux exigent du gouvernement de s’engager vigoureusement auprès des partenaires européens pour faire respecter le droit de tout citoyen à la protection de sa vie privée, les seules ingérences possibles étant celles justifiées par un sérieux motif d’intérêt général.
Le bureau exécutif.

[1] “Wir waren schon mal besetzt, wir haben unter deutscher Besatzung gelitten”, lâché par Jean-Claude Juncker dans l’hebdomadaire allemand „Der Spiegel“

Données bancaires: le gouvernement indifférent à la protection de la vie privée